Il est facile de mettre la faute sur les autres, de responsabiliser les autres plutôt que soi, d’écraser les autres pour s’élever ou encore de se servir des autres pour faire fortune. Mais on finit toujours par être l’autre de quelqu’un d’autre, l’ensemble c’est chacun de nous, et nos actions finissent immanquablement par toucher le nous collectif. Président d’Imagem, Jacques Gagnon croit qu’il est temps de redéfinir les facteurs de succès entrepreneuriaux et de mettre en valeur ces femmes et ces hommes qui réussissent à améliorer le monde à coup d’innovations plutôt qu’à force d’expansion.

« Les entrepreneurs comme les politiciens se doivent d’être au service des autres. Ils n’ont que peu de pouvoir, et surtout des responsabilités, dont celle de s’assurer que les décisions qu’ils prennent sont bénéfiques au plus grand nombre. C’est un rôle extrêmement gratifiant de faire passer le nous avant le je, mais ça demande assurément plus d’efforts », soutient-il.

Il y a plus de 25 ans, Jacques Gagnon fondait Imagem, une entreprise spécialisée dans le développement de technologies dédiées au domaine de la santé. Encore aujourd’hui, les deux suites logicielles créées par l’entreprise n’ont pas d’égales dans le milieu et facilitent considérablement le travail des professionnels en milieu hospitalier. Néanmoins, l’entreprise régionale demeure une PME, un choix intègre qui s’inscrit dans la vision entrepreneuriale de son président.

« En tant qu’entrepreneur, mon objectif a toujours été de réaliser des choses utiles, qui ont un réel impact positif. Aujourd’hui, mon entreprise permet à des gens de découvrir leur talent et de s’accomplir au travail, mentionne Jacques Gagnon. Que souhaiter de plus ? La croissance, dans quel but, à quel prix, quelle croissance ? Quand je vois des investisseurs faire miroiter le succès en achetant leurs compétiteurs pour les rayer de la carte, avec l’argent des autres, je me pose la question : est-ce souhaitable ?

Une notion de bien commun

En affaires comme dans bien d’autres sphères de la vie, le bien commun est souvent relégué au second plan. Selon Jacques Gagnon, la vaccination en est un bon exemple. Combien se déresponsabilisent en laissant le soin aux autres de se faire vacciner? En affaires, combien laissent les autres innover et prendre des risques, et s’enrichissent en investissant avec le capital des autres (encore les autres) ? Les histoires comme celle de Jeff Bezos, devenu multimilliardaire grâce aux succès des autres, en témoignent.

« Ce n’est pas ça qui va améliorer le monde. Ce dont nous avons besoin, ce sont des entrepreneurs, des créateurs, des défricheurs, des gens qui n’ont pas peur d’innover, soutient M. Gagnon. Quand on choisit de faire les choses différemment, de faire passer l’humain avant l’argent, que notre profit personnel passe par le bien commun, on doit constamment se battre contre les préjugés, mais au bout du compte ça en vaudra toujours la peine », soutient l’homme d’affaires.

Toujours selon lui, il importe de redéfinir les notions de succès. Réussir grâce au génie des autres, en comptant sur l’argent des autres ou au détriment des autres ne devrait jamais être jugé plus noble que de réussir pour aider les autres ou en travaillant avec les autres. Si tous les points de vue se valent, celui de Jacques Gagnon demeure inébranlable, on ne mesure pas uniquement le succès d’une entreprise à son nombre d’employés ni à son chiffre d’affaires. C’est dans son utilité, sa raison d’être et son rapport à autrui qu’on peut vraiment définir qu’une entreprise est prospère.