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On ne peut se priver du privé

On ne peut se priver du privé

Par Jacques Gagnon, ing.

Notre système de santé a été créé en 1971 pour que les coûts soient partagés par toute la société. Comme le disaient certains médecins d’alors nous n’avons pas assez de riches pour les payer. Aux États-Unis, on dépense deux fois plus que nous par tête et ils ont plus de 26 millions de personnes non assurées, une grave perte pour la société tous ces gens qui ne sont pas bien soignés. 

Ils paient les assureurs privés qui eux essaient de ne pas prendre de risques en les calculant. Autrement dit, si tu es malade, handicapé ou à risque, tu devras payer une fortune. On connait le principe des assureurs de vous fournir un parapluie seulement quand il ne pleut pas. On comprend donc que notre système de santé vise à partager les coûts. Cela ne changera pas, tous en conviennent.

Quand on brandit l’épouvantail du privé, de quoi parle-t-on donc ? On démonise l’entreprise privée, l’accusant de ne chercher que le profit, mais tout le monde cherche un profit. Pour la plupart d’entre nous ça prend forme d’une paie. Dans un hôpital tout vient du privé, les équipements, tout le matériel médical, le matériel d’entretien, les matières consommables, la plupart des systèmes informatiques, sans les ingénieurs du privé, il n’y aurait pas d’hôpital. Tout est vérifié et autorisé par les gouvernements qui appliquent des normes sévères. Si on ajoute à cela l’obligation de la concurrence, par les appels d’offres, le privé n’a pas la partie facile. 

En termes de qualité et de rigueur, une entreprise ne peut impunément offrir la médiocrité et le laisser-aller. Une erreur peut être fatale pour un patient mais aussi pour l’entreprise.  Dans vos hôpitaux, il y a des entreprises privées tout aussi responsables que les employés et elles sont totalement imputables. D’un point de vue éthique et moral, personne ne détient le monopole de la compassion et de l’honnêteté. 

Les entreprises privées comme Imagem sont des partenaires qui aident les hôpitaux à remplir leur mission, qui est de maintenir la santé et le bien-être de la population en rendant les services accessibles. Tout ce qui peut distraire le gouvernement de cette mission doit être écarté. Par exemple, le ministère de la santé n’a pas à devenir une entreprise de camionnage, de fabrication d’équipements ou encore d’informatique. Demeurer concentré sur sa mission est un mot d’ordre suivi par toute entreprise, même publique comme la santé.

N’ayez pas peur de la venue du privé, il est déjà partout et on ne peut s’en priver. L’essentiel est le partage public des coûts. Demandons-nous si la concurrence, ça n’est bon que pour l’entreprise privée. Avez-vous le choix du fournisseur de soins ?

Les maladies orphelines, une loterie ?

Les maladies orphelines, une loterie ?

Genesys vous laisse le choix

Le rêve américain laisse croire que chacun est responsable de son sort et que le travail acharné est la clé de la réussite. Pourtant, certains événements de la vie sont le fruit du hasard, heureux ou malheureux. Pensons seulement à ceux et celles qui sont porteurs et porteuses d’une maladie génétique. Qu’ont-ils fait pour être aux prises avec ce fardeau ? Rien.

Il y a 10 ans, Imagem, une entreprise spécialisée dans le développement de technologies dédiées au domaine de la santé, a développé Genesys, un système qui permet à des milliers de parents de savoir s’ils sont porteurs des gènes de l’ataxie récessive spastique de Charlevoix-Saguenay, de la tyrosinémie héréditaire de type 1, de l’acidose lactique congénitale, de la neuropathie sensitivomotrice héréditaire.

Au Québec, selon le Ministère de la Santé et des Services sociaux, plus de 700 000 personnes sont affectées par une maladie orpheline, rare la plupart du temps. Le rêve américain se heurte ici à la génétique, car plus de 80% des maladies rares sont d’origine génétique. « On ne peut vaincre ces maladies par la simple volonté, et ce même avec un régime de vie exemplaire et sain. On soulève les montagnes par la foi selon l’évangile, mais on ne guérit pas ses gènes par la volonté », fait valoir Jacques Gagnon, président d’Imagem.

Dans le cadre de la politique québécoise pour les maladies rares, le ministre Christian Dubé faitvaloir que l’accessibilité comporte plusieurs défis et que « nous nous devons d’être solidaires et d’offrir une réponse adéquate aux besoins des personnes [atteintes et leur famille qui] ont le droit d’avoir un meilleur accès au diagnostic, aux soins de santé et aux traitements, et ce, quel que soit leur lieu de résidence, leur condition ou leur réalité culturelle. »

En santé, tout a un coût, mais c’est la valeur qu’il faut considérer. Les exemples douloureux pour démontrer ce fait ne manquent pas. Dans l’actualité, plusieurs parents désespérés sont prêts à soulever des montagnes. Ils lancent un cri du cœur et demandent accès à un espoir de guérison.Ils ne peuvent porter sur leurs épaules l’important fardeau financier d’un traitement particulier.Les retombées pour la recherche sont considérables, puisque ces traitements sauvent des vies. Les chercheurs mettent au point des techniques et les réutilisent dans le monde complexe du vivant.

« La solidarité nous dit que nous devons traiter et soigner tous les orphelins, même si cela coûte cher. Porter assistance aux victimes de ces maladies est un symbole puissant d’une société hautement civilisée et généreuse, un message au monde entier que nous sommes empathiques, mais tout coûte cher en santé, »

poursuit M. Gagnon.

Mettant son expertise unique au service de la santé, Imagem, par le biais de son système Genesys, a permis de donner l’heure juste à des milliers de parents afin que ces derniers puissent prendre une décision éclairée sur une question éthique délicate. En tout, près de 18 000 lettres ont été envoyées par Genesys.

Gâtés pourris

Gâtés pourris

On sort ébranlé du World Press Photo, des images qui nous révèlent le monde, crûment, brutalement, avec éloquence cependant. Une planète hostile, ingrate et violente sur laquelle tentent de survivre des populations de migrants. Des gens que le désespoir, la faim, la maladie, la répression poussent d’une frontière à l’autre, souvent sous les bombes . La vérité nous frappe de plein fouet, ils n’ont rien, pas de soins, pas de nourriture, pas de sécurité. Alors les spectateurs que nous sommes peuvent se trouver chanceux, mais pire encore rester indifférents. Vivons-nous dans le même monde qu’eux ? La désolation est telle, le fossé tellement grand entre eux et nous.

Jamais avons-nous été aussi menacés que ces exclus du droit de vivre, mais néanmoins laissés à nous-mêmes, seuls face à la maladie et à la pauvreté. Je prends à témoin ces femmes d’ici, mariées d’après guerre, les mères des boomers, nées au tournant des années vingt. Cette génération est la dernière de cette lignée de pionnières sans ressources autres que leur courage.

Jeanne, et bien d’autres comme elle, a enfanté une famille de huit enfants. Sans accès aux soins et aux médecins, elle endurait et souffrait, surtout pour ses enfants, les petits maux comme les plus inquiétants. La menace de la maladie était doublée de celle de la ruine, de se retrouver à la rue faute de payer l’hôpital. Elle recourait à la charité de temps à autre car le gouvernement l’abandonnait aux mains des huissiers, on saisissait ceux qui n’avaient rien, on s’emparait sans retenue de sa dignité. Jeanne n’avait pas non plus d’appareils ménagers, elle lavait à la main le linge et le suspendait dans la maison. Sa besogne ne lui laissait aucun répit. À l’école, on obligeait des costumes avec chemises à empeser. Elle était aussi couturière et tissait des tapis et des couvertures sur le métier des Fermières. Son homme n’était pas toujours à la hauteur, alors elle devait gagner de l’argent, en plus. Hors du foyer, elle devait trouver à garder les enfants. De toute part la dureté de la vie la frappait.

Quand ses enfants furent partis, ils ont continué à profiter d’elle, elle qui jamais n’a attendu la reconnaissance, elle qui a piétiné son orgueil toute sa vie. Elle a alors accueilli tous les malheureux qui se sont trouvés sur son chemin, un homme paralysé à qui elle donnait un repas et une douce attention, une soeur malade, une jeune femme enlisée dans le crime. Elle a donné tant à la société, dans l’ombre sans se plaindre, avançant par vents contraires. Sa récompense, mourir dans un CHSLD.

Rappelons-nous de tous ces gens dépouillés de leur humanité, rappelons-nous ces femmes de chez-nous qui nous ont portés, à bout de bras, sans autres aides que le courage et la solidarité. Demandons-nous si nous ne sommes pas trop gâtés et gardons-nous de devenir pourris.

Vos soins, une tour de Babel ?

Vos soins, une tour de Babel ?

La Vitrine / Contenu commandité

Quand on entre à l’hôpital, on entre dans un corridor de soins, un continuum, un parcours à travers un plan de soins. C’est le jargon qu’utilisent les soignants. Si vous arrivez en ambulance, victime d’un accident et polytraumatisé, le plan doit être déjà prêt. C’est une question de minutes et chacune d’elles compte pour vous sauver la vie, illustre Jacques Gagnon, ing., président d’Imagem, entreprise spécialisée dans le développement de technologies dédiées au domaine de la santé.

Dans le feu de l’action, de nombreux spécialistes sont appelés à intervenir dans un certain ordre. Pour vous remettre sur pieds, des radiologistes, des orthopédistes, des chirurgiens œuvrant dans différentes spécialités, des anesthésistes, des psychiatres se rendent à tour à tour à votre chevet. La période de rétablissement qui s’ensuivra mobilisera éventuellement d’autres professionnels de la santé susceptibles de vous apporter des soins plusieurs fois au cours d’une même journée.

Cette imposante logistique est mobilisée en toute urgence dans le cas de l’accident qui vous accable, mais aussi pour tous les autres cas qui requièrent des interventions.

Sollicités aux quatre coins de l’hôpital, les professionnels de la santé travaillent de concert, mais ne sont pas pour autant ensemble en tout temps. Alors comment arrivent-ils à synchroniser et à harmoniser leur travail ? Comment parviennent-ils à savoir ce qu’un autre médecin a fait sur vous ? Comment se comprennent-ils?

« Puisqu’ils sont très affairés, ils utilisent un canal de communication qui est le rapport médical. Grâce à lui, non ce n’est plus la tour de Babel, c’est un langage commun, compris par tous. Ce rapport constitue ni plus ni moins que la colonne vertébrale de vos soins. Comme la colonne vertébrale qui distribue et reçoit tous les signaux de votre corps, le rapport c’est l’influx nerveux de votre plan de soins. Comme dans les nerfs, les informations que renferme le rapport médical doivent être justes et disponibles à temps.»

explique M. Gagnon.

L’enjeu est de taille, votre vie en dépend. Le chirurgien doit avoir le dernier rapport du radiologiste, car si vous êtes polytraumatisé, il y aura plusieurs rapports à lire ou à écouter et votre condition évolue rapidement. Conscients de la responsabilité qui leur incombe, les médecins accordent beaucoup de rigueur à cette étape dont l’importance est capitale.

À l’instar des professionnels de la santé, ceux qui préparent et rendent les rapports médicaux disponibles portent eux aussi une grande responsabilité. Avec rigueur et un sens aigu du devoir, Imagem contribue à fournir des rapports d’une grande précision. Le parcours de ceux-ci n’est pas sans obstacle. Qu’ils soient technologiques en raison des réseaux informatiques ou d’ordinateurs défaillants, les défis sont nombreux.

En étudiant soigneusement les processus de travail, Imagem arrive à rendre ses logiciels encore plus robustes et à parer les erreurs humaines en modifiant les habitudes des intervenants, le cas échéant.

En résumé, Imagem est responsable du bon fonctionnement de cette « colonne vertébrale », un point de convergence de tous les soins hospitaliers. Elle fait tout ce qui est nécessaire, et ce n’est pas la technologie qui prime.

Allez mourir ailleurs

Allez mourir ailleurs

Que sait-on des personnes âgées ? Comme on les délaisse, qu’on ne les voit pas, qu’on ne les fréquente pas, les informations viennent des médias. Elles sont de vieilles personnes qui demandent des soins, des préposés, des foyers coûteux. On installe des caméras pour les surveiller, on ne leur donne pas toujours les soins d’hygiène élémentaires. On trouve que ça coûte cher et on cherche encore à les entasser dans des chambres à plusieurs lits, sans intimité ni pour eux ni pour les proches. On les a laissé mourir seules pendant la pandémie. Nous rejetons le blâme sur le système de santé, que nous avons nous-mêmes choisi pourtant. En perte d’autonomie ou en fin de vie on demande des soins, est-ce si surprenant ? Nous devrions accepter ce pacte, qu’un jour nous aurons à rendre les soins qu’elles nous ont prodigués enfants.

C’est donc cela la vieillesse! Que se passe-t-il avant ce moment pénible de la fin de l’autonomie? On devient grands-parents vers la cinquantaine, retraités on devrait avoir du temps à soi, du temps pour les autres aussi et encore. Autrefois et dans les mœurs autochtones, les aînés occupaient une place de choix, au sommet de la hiérarchie, la sagesse des ans avait sa voix. Les familles prenaient soin des plus vieux et les considéraient comme des puits de science de la vie. Les enfants vivaient plus souvent avec les aînés. La transmission des connaissances avait lieu, la sagesse ne se perdait pas. Une éducation isolée des anciens ne donne pas les mêmes résultats.

Pourtant la société a investi pendant des dizaines d’années dans ces personnes, elles sont des actifs de la société qu’on laisse en perdition. Non les personnes âgées ne sont pas que sources de coûts comme disent les hommes d’affaires, elles sont un capital négligé, une source de savoir inestimable. Elles sont responsables de forger des femmes et des hommes plus solides, meilleurs citoyens, meilleures personnes.

Des miracles s’opèrent, les plus souvent dans l’anonymat, sans qu’on le sache, somme de gestes discrets et patients. Les aînés connaissent la longueur du temps, le temps pour construire des grandes âmes, dont on a besoin pour créer une société. Un miracle comme celui de ce jeune qui a vécu près de sa grand-mère, un miracle qui n’a rien de divin peut se produire. Le jour fatidique arrive, la perte de grand-maman, il a le coeur en miettes. Pendant que l’on discute la succession entre proches, lui est assis seul avec son père, loin du tumulte, peut-être car il se fait tard. Pourquoi est-ce si long ? On se dispute l’héritage peut-être. « Pour moi, c’est sans intérêt », dit-il. «Que veux-tu dire ?», réplique son père. «Moi je l’ai eu mon héritage, j’ai vécu avec grand-maman, je ne veux rien d’autre». Le père, estomaqué par cette réplique adolescente, a compris que des valeurs ont été inculquées à son fils et que son fils sera un homme meilleur grâce à elle.

Le couloir de la vie

Personne n’attend la mort. Au contraire, on tente de la repousser de plus en plus et on y réussit, souvent. On dit que la naissance est le premier jour du reste de sa vie. On prend la route de la vie sans l’avoir demandé et on ne sait pas quand elle prendra fin. Nous ne sommes pas des condamnés dans le couloir de la mort, nous sommes engagés dans celui de la vie, la vie qui bat, la vie qui prend sa place jusqu’à une fin la plus lointaine, à moins d’accidents.

Quand elle touche à sa fin, après des décennies heureuses sans mal, sans douleur, le corps usé par les combats devient fragile et sera emporté sans prévenir. Quand on entre à l’hôpital, souvent c’est pour y rester. On nous prodigue des soins curatifs, aigus, en urgence. Dans le couloir de la vie, l’hôpital joue son rôle extrême de tenter de réparer votre corps. On n’y séjourne habituellement pas longtemps et on a toujours hâte d’en sortir.

Dans ce couloir de la vie, on remet notre santé dans les mains d’un système qui peut vous sauver d’un accident ou retarder la fin. Mais peut-on également se soigner soi-même ou tendre la main à un proche? Étirer le temps, ce temps heureux dans le couloir de la vie.

Des histoires comme celle d’Alfred font réfléchir. Alfred, un homme que la vie a éprouvé, un homme endurci par le labeur. Déjà pourvoyeur de sa famille à 14 ans, il a buché dans le bois, traité comme un esclave, il avait la hargne de la survie. À 85 ans il sent la mort, la mort qui le guette la nuit surtout quand il fait des hausses de pression sanguine, lui qui n’avait peur de rien. Dans sa détresse, une bonne âme veille sur lui, sa compagne de vie, qui elle aussi vit la peur de le perdre, de se perdre. Alors pour une autre fois, elle défie la nuit et appelle au secours car la mort rôde dans la maison. Le sauveteur, François, un proche de la famille qui répond jour et nuit. Une fausse alerte, peut-être encore, mais il répond présent, ne juge pas et respecte l’angoisse, la vulnérabilité. Sans broncher il prend Alfred sous son aile et le conduit à l’urgence de l’hôpital. Déjà Alfred se sent mieux, il reprend confiance, on lui confirme qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter et il repart heureux après quelques heures toujours baignant dans l’aura protectrice de François. Une autre nuit blanche pour lui, mais ce qui compte, c’est le geste de respect, l’attention portée à Alfred. Ce dernier a vécu jusqu’à 95 ans, confiant en son sauveur, se sentant aimé et protégé. N’eut été des soins de François, Alfred aurait-il vécu si longtemps, si heureux ?

mains qui se touchent

Avons-nous perdu la main pour soigner?

Nous l’oublions toujours quand la maladie nous envahit. Elle est même devenue dangereuse, presque l’arme du crime pendant la pandémie, la main qu’il faut ganter et désinfecter. Elle doit retrouver sa place dans les soins.

Pourtant la main, instrument de tous les moments, sert à tout. Sans elle, difficile de manger, de saisir, de s’appuyer, de sentir le froid, le chaud, le doux, le rude. Au bout du bras, elle exécute, elle exprime, elle protège. Belliqueuse elle frappe, voleuse elle fait main basse, baladeuse elle s’égare.

Instrument de tous les enchantements, elle peint, elle écrit, elle fait la musique. Sans les mains, la culture, l’art, la poésie n’existeraient pas. Les mains nourrissent la beauté, elles façonnent les œuvres, elles dansent. Elles font des signes, pour saluer, pour dire au revoir, en fait elles peuvent exprimer une infinité de subtilités.

Les mains travaillent et elles souffrent, deviennent gercées, sèches, durcies, rugueuses. Elles se mettent à la pâte pour pétrir le pain. Elles se battent pour applaudir, pour se défendre, pour s’agripper. Le
cœur sur la main, elles tendent, elles donnent le coup de main. Les mains réunissent, elles sont la jonction des êtres, ce qui peut les unir.

Les mains bienveillantes de votre mère, de votre père, vos amies, vos amours rassurent et consolent. Elles soignent aussi car sans mains, pas de chirurgie, sans mains pas de soins, elles sont l’instrument essentiel avec la voix, elles vous parlent. Les mains apaisent et soignent sans même qu’on les prient.

C’est une histoire vécue, celle de ce patient qui attend son verdict après un accident, l’heure est grave, il fait face à la mort. Une infirmière l’accompagne, discrète, elle connait son rôle et sait ce qui s’en vient, le désarroi. Elle est simplement présente, sans un mot de trop et lui prend la main presque à son insu avec une telle douceur que déjà il est ému. Soudain il perçoit la caresse d’un doigt, un effleurement sur sa main, un signe de compassion, à la fois si doux et si fort, tel un signe qu’il doit se battre. Cette connexion avec l’humanité était le signal de départ de sa guérison, une injection de courage.

Si la technologie peut faire de grandes choses, je pense qu’elle doit redonner aux mains leur pouvoir. Nous avons tous hâte de ne plus voir les infirmières et médecins habillés comme des astronautes. Les mains sont le prolongement de l’âme et du cœur et ce patient a survécu grâce à elles.

Le parcours du combattant

Le parcours du combattant

Quand on parle d’accès aux soins, d’accès à votre dossier, la confusion règne. Que signifie avoir accès ? Pour la plupart d’entre nous, on a besoin d’un service quand on est malade ou quand on a peur de l’être. Nous cherchons alors désespérément de l’aide. Avoir un médecin de famille vous assure-t-il un accès aux soins ? Pas tout à fait parce que vous devez vous battre et faire preuve de persévérance pour obtenir un rendez-vous. La maladie frappe souvent sans avertir, jour et nuit, mais seule l’urgence est disponible, vous n’avez d’autre choix que de vous y présenter.  Le système ne répond pas assez à tous ceux qui vivent l’angoisse, la peur, qu’elle vous apparaisse justifiée ou non. J’ai accompagné souvent des personnes âgées à l’urgence, pour constater qu’elles voulaient du réconfort. Mais est-ce moins important ? Leur situation précaire mérite-t-elle moins d’attention ? Votre bébé n’a peut-être rien de grave, mais le constat se fait sur place à l’urgence, on ne peut blâmer sans cesse les gens d’être à l’urgence alors qu’ils ont besoin, et nulle part où aller. De plus les gens ne savent pas quels services leur sont offerts, ni à quel endroit se présenter.

Avoir accès c’est obtenir de l’aide facilement. Si vous devez franchir des barrières pour y arriver, on ne peut parler d’accessibilité, surtout si vous êtes démunis, en détresse, malade. Vous êtes déjà aux aboies et on vous impose une véritable course à obstacles comme de mettre des heures d’attente au téléphone. La complexité ne doit pas vous freiner. Ceux qui dispensent les services doivent gérer les mécanismes et vous faciliter l’accès.

Prenons aussi l’exemple  de votre dossier de santé. Oui, vous avez accès à votre Carnet santé, mais il vous faut accéder à clicSÉQUR d’abord, ce qui n’est pas tout à fait convivial, surtout pour ceux qui en auraient le plus besoin. Alors supposons que vous finissez par avoir accès à votre Carnet Santé, vous avez alors accès à des listes de chiffres que vous ne comprenez pas. Tous ces chiffres, ces résultats, ces rapports, ne sont pas votre dossier, ce sont des codes et du jargon de spécialistes. Avoir accès à votre dossier c’est aussi avoir accès aux explications qui doivent venir avec les données brutes et donc être en communication avec une personne qualifiée.

Il y a trop de barrières entre vous et les gens qui vous soignent et pour accéder aux soins, il faut les abattre.

L’angoisse du résultat

L’angoisse du résultat

Des histoires comme celle de Fatima, on les compte par dizaines de milliers paraît-il. Fatima est une jeune femme épanouie dans la force de l’âge. Elle a un métier qui la passionne, elle enseigne aux enfants. La société lui doit tout le bien qu’elle apporte aux petits, au-delà de sa paye. Mais voilà qu’elle a remarqué une bosse sous son aisselle. L’anxiété l’habite dorénavant, si bien qu’elle essaie de voir son médecin, mais la pandémie allonge l’attente du rendez-vous. Elle voit enfin Stéphane, un médecin dévoué et emphatique, il écoute et lui prescrit un examen radiologique, mais là aussi l’attente est longue. Son chemin pour en finir avec l’angoisse commence ici. Elle finit par accéder à l’examen après des mois d’attente, victime collatérale de la Covid. On l’accueille avec égards bien sûr, Jeanne sait pourquoi on se présente à elle, et en tant que femme elle a la sensibilité. Fatima prend place dans cette froide et impersonnelle salle d’attente. Lucie, la technologue, viendra la chercher et la soumettra à l’examen; ici encore Lucie prendra grand soin de Fatima car l’examen est plutôt désagréable. À la fin,  on la renvoie gentiment en lui disant que son médecin l’appellera lorsqu’il aura le rapport d’examen en main. Difficile de calmer cette angoisse quand on ne sait rien, de ce qui va arriver. Toutes les personnes qu’elle a vues savent l’importance et la valeur de Fatima, elles lui ont montré.

Mais que se passe-t-il quand elle attend l’appel de Stéphane ? Son ordonnance est entrée dans un processus qui la transformera en rapport d’examen livré à Stéphane. Elle passera tour à tour dans les mains de Lucie, de Magali radiologiste, de Christiane secrétaire, de Viki pour l’envoi. Enfin de retour à Stéphane, elle pourra savoir ce qu’est cette bosse. Déjà Fatima a beaucoup attendu, il faut que la production soit efficace et rigoureuse, on ne veut pas d’erreurs, et surtout pas de rapports perdus ou oubliés. Stéphane a beaucoup de patientes et il n’est pas sûr que l’on constatera un délai trop long si un rapport se perd.

Ce processus est animé par un fil conducteur qui assure l’efficacité et la sécurité, c’est la suite logicielle Postscriptum

Les autres…

Il est facile de mettre la faute sur les autres, de responsabiliser les autres plutôt que soi, d’écraser les autres pour s’élever ou encore de se servir des autres pour faire fortune. Mais on finit toujours par être l’autre de quelqu’un d’autre, l’ensemble c’est chacun de nous, et nos actions finissent immanquablement par toucher le nous collectif. Président d’Imagem, Jacques Gagnon croit qu’il est temps de redéfinir les facteurs de succès entrepreneuriaux et de mettre en valeur ces femmes et ces hommes qui réussissent à améliorer le monde à coup d’innovations plutôt qu’à force d’expansion.

« Les entrepreneurs comme les politiciens se doivent d’être au service des autres. Ils n’ont que peu de pouvoir, et surtout des responsabilités, dont celle de s’assurer que les décisions qu’ils prennent sont bénéfiques au plus grand nombre. C’est un rôle extrêmement gratifiant de faire passer le nous avant le je, mais ça demande assurément plus d’efforts », soutient-il.

Il y a plus de 25 ans, Jacques Gagnon fondait Imagem, une entreprise spécialisée dans le développement de technologies dédiées au domaine de la santé. Encore aujourd’hui, les deux suites logicielles créées par l’entreprise n’ont pas d’égales dans le milieu et facilitent considérablement le travail des professionnels en milieu hospitalier. Néanmoins, l’entreprise régionale demeure une PME, un choix intègre qui s’inscrit dans la vision entrepreneuriale de son président.

« En tant qu’entrepreneur, mon objectif a toujours été de réaliser des choses utiles, qui ont un réel impact positif. Aujourd’hui, mon entreprise permet à des gens de découvrir leur talent et de s’accomplir au travail, mentionne Jacques Gagnon. Que souhaiter de plus ? La croissance, dans quel but, à quel prix, quelle croissance ? Quand je vois des investisseurs faire miroiter le succès en achetant leurs compétiteurs pour les rayer de la carte, avec l’argent des autres, je me pose la question : est-ce souhaitable ?

Une notion de bien commun

En affaires comme dans bien d’autres sphères de la vie, le bien commun est souvent relégué au second plan. Selon Jacques Gagnon, la vaccination en est un bon exemple. Combien se déresponsabilisent en laissant le soin aux autres de se faire vacciner? En affaires, combien laissent les autres innover et prendre des risques, et s’enrichissent en investissant avec le capital des autres (encore les autres) ? Les histoires comme celle de Jeff Bezos, devenu multimilliardaire grâce aux succès des autres, en témoignent.

« Ce n’est pas ça qui va améliorer le monde. Ce dont nous avons besoin, ce sont des entrepreneurs, des créateurs, des défricheurs, des gens qui n’ont pas peur d’innover, soutient M. Gagnon. Quand on choisit de faire les choses différemment, de faire passer l’humain avant l’argent, que notre profit personnel passe par le bien commun, on doit constamment se battre contre les préjugés, mais au bout du compte ça en vaudra toujours la peine », soutient l’homme d’affaires.

Toujours selon lui, il importe de redéfinir les notions de succès. Réussir grâce au génie des autres, en comptant sur l’argent des autres ou au détriment des autres ne devrait jamais être jugé plus noble que de réussir pour aider les autres ou en travaillant avec les autres. Si tous les points de vue se valent, celui de Jacques Gagnon demeure inébranlable, on ne mesure pas uniquement le succès d’une entreprise à son nombre d’employés ni à son chiffre d’affaires. C’est dans son utilité, sa raison d’être et son rapport à autrui qu’on peut vraiment définir qu’une entreprise est prospère.